6h10 de marche (pause comprise), dénivelé -0/+995, altitude maxi 4710m.
Nuit un peu plus fraîche, du fait certainement d'être en forêt. Il fait beau mais il y a plus de nuages que les autres jours. Nous nous levons comme d'habitude, la forêt est encore dans l'ombre, la tente mess étant démontée, nous déjeunons dehors et couverts. Nous partons à 7h05, et gardons chacun nos vestes que nous tomberons dès que le soleil apparaîtra. Aujourd'hui nous devrions traverser souvent des gués, aussi avons-nous gardé des sandales à portée de main. Le chemin dans le lit de la rivière n'est pas confortable, les premiers gués arrivent et nous pouvons les traverser sans nous déchausser en sautant de cailloux en cailloux. D'ailleurs, jusqu'à la fin de la journée, nous pourrons garder nos chaussures malgré la multitude de gués traversés et nous apprécions le fait de ne pas nous mouiller les pieds dans cette eau glacée. Nous voyons d'ailleurs nos premières plaques de neige dans certains endroit du lit de la rivière.
À 10h40 Karma, nous explique que deux chemins sont possibles, un court, difficile, et un plus long de 2h, nous préférons le plus court. Il nous dit une phrase que je ne comprends pas, mais en substance qui nous dit d'attendre ici. Nous croyons à ce moment, qu'il va chercher des renseignements en interrogeant les autochtones qui eux n’arrivent que par le chemin le plus long. Nous attendons 35 minutes, Krishna avec les mules nous rejoint, mais les mules prennent elles aussi le chemin le plus long. Nous décidons donc de les suivre et c'est à ce moment que Karma réapparaît avec l’équipe du cuisinier. Nous comprenons alors ce qu’il avait voulu nous dire. Les cuisiniers avaient pris le chemin le plus long et quand il interpellait les autochtones, c'était pour savoir s'ils avaient croiser les cuisiniers, et comme ils avaient répondu par l'affirmative Karma est parti les récupérer. Il est vraiment courageux et conciliant car d’autres guides auraient pu nous imposer la route empruntée par les cuisiniers sans nous demander notre avis.
Petite précision, Olivier a 61 ans, Françoise 67, Sonam 56 et moi 51. Donc le plus jeune finit bon dernier, comme quoi, la jeunesse ne fait pas tout. Je dois gérer cela, mais je l'accepte, Olivier et Françoise randonnent beaucoup, Josiane fait du sport régulièrement et a fait une préparation ciblée avec un coach pendant 5 mois avant le départ, moi je paye le fait de ne pratiquer aucun sport. Donc je dois accepter d'être à la traîne face à des gens de plus de 10 ans mes aînés et ma compagne plus âgée de 6 ans. Grande leçon d'humilité que je gère bien puisqu'il m'arrive même d'arriver avec le sourire quand 'on film mon arrivée en tant que bon dernier.
Revenons sur cette montée interminable, j'ai dû reprendre la récitation de mon mantra simplifié, car elle était longue cette montée, et je voyais les autres s'éloigner inexorablement, je n'arrivais pas à les suivre, mais je n'ai pas craqué moralement, pour moi, l'important c'est d'y arriver, sans rouspéter, crier, hurler, craquer. Et lorsque j'y arrive même si je suis dernier, c'est une victoire sur moi-même et c'est ce qui compte. Et j'y suis arrivé. Il est 15h20, nous sommes à 4710 m, il fait 29°C. Le campement s'installe le temps que je récupère, demain nous allons attaquer notre premier col à plus de 5000, c'est le Kangla Pass à 5320 m. Une autre journée difficile en perspective.